RETROUVER LES SAISONS
Un an que je vis à la campagne, un an d'intégration qui ne m'aura pas laissé beaucoup de temps pour écrire.
Un an cela veut donc dire, le chaud, le froid, le tiède, le glacé, non je ne parle pas des apéros mais des températures et qui dit températures dit saisons. J'ai donc découvert avec stupéfaction qu'il fallait vivre ici au rythme des saisons. C'est à dire manger ce que le jardin nous donne pendant un certain temps, anticiper le froid ou la pluie, acheter des bottes en caoutchouc et des polaires, rentrer du bois pour les cheminées en calculant que le bois ne servira que dans 2 ans le temps qu'il sèche, par exemple.
J'ai aussi appris comment la nature traverse ces périodes. J'ai compris certaines choses "telles que les arbres ne meurent pas pendant l'hiver même taillés à ras, ils s'endorment pour se réveiller au printemps encore plus forts et majestueux";-) . J'ai suivi la vie des abeilles, des bourdons. L'hiver dernier lorsque le poirier avait perdu toutes ses feuilles je m'étais aperçue qu'il abritait un nid de frelons européens, cet été en essayant de l'apercevoir à travers les branchages j'ai eu la surprise de découvrir un second nid mais cette fois asiatique. C'est aussi cela le rythme des saisons, bientôt ils vont tous mourir et les reines vont s'enterrer pour laisser passer le froid. Je suis totalement sensibilisée au chant des oiseaux. Il n'y a qu'un seul endroit où je ne suis pas très forte, c'est la traversée de la forêt de nuit. Pendant la saison de la chasse. Oui alors là, j'avoue je la traverse le poing à fond sur mon klaxon au cas où certains de ces abrutis de chasseurs sangliers et chevreuils choisissent le passage de ma Rolls pour se ballader sur la route.
J'ai également vécu 1 an de potager, mes premières récoltes d'ail, d'oignons d'échalotes furent un grand moment, égalé sans aucun doute par celui des tomates et carottes. Vous me direz et alors ? Ben quand on est une fille de la ville ça change un peu la vie. Pour peu que votre Brad soit un passionné, vous n'avez plus besoin d'acheter fruits et légumes. Et là pas de pesticides, que du bio maison. En me relisant, je m'aperçois que je me suis surestimée, il y a un autre moment où je ne suis pas très courageuse, c'est bien souvent l'été. Quand les fenêtres restent ouvertes la nuit. Je ne parle pas des insectes divers et variés qui trouvent refuge dans ma chambre, non je parle de certains qui confondent la maison avec l'entrée d'une grotte ou d'une cave, que sais-je encore ... qui entrent, se posent, puis volent et dont le bruissement des ailes me réveille, mes amies les chauve-souris. Oui, j'avoue ne pas être très fière. Encore moins qu'avec les araignées mais là est un autre sujet.
Depuis ces 12 derniers mois, j'ai donc admiré la transformation du jardin. Ce qui change. A Paris, j'étais tellement habituée à ce que les modifications concernent le sens de circulation des rues, la suppression de certains parcs, le développement de l'urbanisation tout en donnant les voies sur berges aux piétons. Ici j'enregistre le chant des oiseaux. En ville, je ne les entendais pas car ils disparaissent. Plus de moineaux, d'hirondelles ou autres martinets, l'absence d'insectes (que nous détruisons) les ont tués. Que les parisiens se rassurent, il reste les pigeons vous savez ces ramiers qui imitent les humains. Ben oui, je ne sais pas si vous avez remarqué mais ces charmantes petites bêtes ne volent plus beaucoup, elles marchent, partout, courent sur les trottoirs, aux abords des cafés, limite si cen'est pas à nous de nous pousser pour les laisser passer.
Voilà, je pourrais écrire des heures sur toutes ces petites choses qui rythment ma vie depuis quelques mois mais ce serait sans doute sans intérêt pour vous alors il me reste juste à vous parler des couleurs car les changements de saisons riment aussi avec ça : les couleurs.
Sortir de l'hiver grisâtre ou blanc neige, enjamber le printemps avec ses premières touches vertes tendres et ses quelques tons de jaune blanc rose, aller vers l'été et son bleu du ciel son vert cette fois éclatant, pour terminer avec l'automne et ses couleurs flamboyantes ... une magie, un kaléidoscope grandeur nature. Alors quand certaines de mes amies me demandent comment j'ai fait pour quitter la Capitale, je leur réponds, "j'ouvre les yeux, je garde mes oreilles ouvertes, je respire et je prends le temps de voir le temps passer" :)